L’espace des fêtes Bien-être a accueilli, le 25 mai 2019, le spectacle de théâtre « la légende de Djikab » dans le cadre de la Journée Mondiale de l’Afrique. Porté à la scène par trois formidale comédiens, cette réécriture et mise en scène de Tiem Mimpaguib (Togo) et de Stéphane Balouri (Burkina Faso) sur l’histoire de la ville de Dapaong, délicatement épurée révèle une démarche artistique ambitieuse. Une recherche du vrai et du beau. La sensibilité, la sobriété, le mouvement, le mythe et le mystère s’enchevêtre offrant aux spectateurs des sublimes tableaux de l’histoire.
Les comédiens (Gnoame Jule, Djalogue Stanislas, Soube Sadia) s’emparent du texte et des personnages en questionnant leurs sentiments, leurs vies, leurs trajectoires avec beaucoup d’avidité, de sensibilité et d’audace.
Cette histoire fort belle d’un peuple (moba-gourma) au Dieu Yendu, commence par leur longue traversée du Tchad, de Fada N’gourma avant d’arriver à Dapaong (Togo). D’après l’histoire, les premiers occupants de Dapaong, sont les Dorib qui auraient fui les razzias et les conflits de successions au trône à Fada N’gourma (Burkina Faso). Ils furent rejoints par d’autres groupes Moba notamment les Diyob, pour les mêmes causes. Parti de Fada N-gourma à la recherche des régions plus hospitalières, après une longue marche faite d’innombrable escale explorant les lieux plus pacifiés, le peuple découvrit au milieu des collines une plaine verte portant de grands manguiers, un carrefour où ils s’installèrent définitivement. Ils baptisèrent le site « Dapaong », littéralement « nouveau marché ». Nom qu’il porte encore.
Si la paternité de la fondation de Dapaong revient à Djikab, fils de Dadjogue, petit fils de Namounou, arrière-petit-fils de Tintantouate, arrière arrière petit-fils de Tigdan, père de Nametante et de Yentchirm, c’est par ce que ce puissant guerrier s’était marié stratégiquement à une princesse des Dorib. Ces peuples vivront en partage pendant des lunes et des saisons jusqu’à ce que n’éclate des heurts. Les Dorib émigrèrent tous vers l’ouest cédant leur terres et leur fétiches aux Diyob devenus maître des lieux.
A la question de pourquoi le choix du théâtre pour raconter l’histoire de ce peuple, Tiem Mimpaguib, Directeur artistique de LAN-DO et assistant à la mise en scène, répond : « On aurait puis bien la raconter à travers un bouquin mais le théâtre s’est imposé en première intention. C’est un choix et je pense qu’un art vivant tel que le théâtre peut être le vecteur idoine pour sensibiliser, pour critiquer mais aussi pour proposer les solutions en impliquant les uns et les autres ».
Ce projet « Et si Dapaong m’était conté » porté par l’association culturelle LAN-DO sur financement propre a pour ambition de reconstituer la mémoire de nos peuples, héritage à léguer à la génération futur. « Un devoir de mémoire » témoigne Stéphane Balouri.
Quand la salle s’éteint marquant la fin du spectacle, un spectateur s’exclame : « J’en suis fier d’avoir appris l’histoire de Dapaong aujourd’hui grâce au théâtre ».